Moyen Âge
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La première, ou prétendue telle, rédaction du Livre III des Chroniques de Jean Froissart s'ouvre par un prologue évoquant les préoccupations d'historien du chroniqueur de Valenciennes. Vient ensuite la relation du célèbre « Voyage en Béarn », p©riple que fit Froissart à la fin de l'année 1388 pour gagner Orthez où il entendait recueillir des témoignages originaux sur les guerres qui venaient de secouer la péninsule ibérique. Suivent les récits d'Espan de Lion, du Bascot de Mauléon et dun vieil écuyer indiscret de la cour de Gaston Fébus, ainsi que l'histoire de la possession de Pierre de Béarn et du démon familier de Fébus. Le livre se clôt sur la bataille d'Aljubarrota.
Peter Ainsworth donne du Livre III une nouvelle édition critique exhaustive, dont voici le premier des trois tomes, précédée d'une introduction historique et littéraire, tandis que Godfried Croenen étudie la tradition manuscrite et présente les résultats de l'examen codicologique du manuscrit de base, provenant de Saint-Vincent de Besançon (Bibliothèque municipale, ms. 865), considérant notamment les scribes et le programme d'illustration.
L'édition est largement dotée de notes, cartes et généalogies, d'un album photographique en couleurs, d'un glossaire et d'un index des noms de personnes et de lieux.
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Mario Roques aurait dit un jour à Jean Rychner: “il n’y a pas les fabliaux, il y a des fabliaux”, De la même manière, on serait tenté de dire qu’il n’y a pas le rêve au Moyen Age, mais uniquement des rêves dans la littérature médiévale. Des rêves ou, plus exactement encore, des récits de rêves.
C’est effectivement la variété des visions oniriques dans la littérature du Moyen Age qui est à l’origine de cette étude. Du Xe au XVe siècle, du latin au catalan, en passant par le moyen haut-allemand et bien sûr l’ancien français, les contributions réunies par Alain Corbellari et Jean-Yves Tilliette explorent moins une introuvable norme de l’imaginaire onirique du Moyen Age que le dynamisme d’une pulsion narrative faisant de chaque récit de rêve une aventure du sens et de la raison aux prises avec ce que l’on n’appelait pas encore le “refoulé”. Loin d’être toujours un message de l’autre monde, le rêve consigne, dans la littérature du Moyen Age, une réflexion sur le pouvoir et l’ambiguïté de l’art narratif. En dépit de sa prestigieuse filiation avec la prophétie, il n’échappe que rarement aux dangers du double sens et de l’illusion. Face à des manifestations aussi contrastées de l’imaginaire, l’on se prend à songer moins à une “modernité” problématique du rêve médiéval qu’au fondamental archaïsme des mécanismes remis en lumière par Freud.
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Vaste et luxuriante composition anonyme en prose rédigée, sous sa forme actuelle, vers le milieu du XVe siècle, le roman de Perceforest est une des plus belles réussites littéraires de la fin du Moyen Age. En une grandiose fresque divisée en six parties, l’œuvre évoque les aventures des lointains ancêtres d’Arthur et des chevaliers de la Table Ronde.
Précédé d’une traduction d’un large extrait de l’«Historia regum Britannie» de Geoffroy de Monmouth, qui sert de caution historique à l’œuvre, le roman commence avec le débarquement inopiné d’Alexandre en Grande Bretagne. Pour redresser le royaume, tombé en déclin sous les derniers rois bretons, le souverain grec choisit deux de ses compagnons, Betis et Gadifer, pour être l’un roi d’Angleterre, l’autre roi d’Ecosse. Il institue les tournois, nouvel exercice chevaleresque. Betis, qui libère les forêts d’Angleterre hantées par Darnant et ses complices, prend le nom de Perceforest. Une religion nouvelle, interm©diaire entre le polythéisme païen et le christianisme arthurien, est prônée par l’ermite Dardanon. Des amours émouvantes d’Alexandre et de Sebille naîtra une lignée royale qui aboutira à Arthur. Du sang grec coulera dans les veines du légenaire roi breton. Tout au long du récit, le narrateur manifeste son goût pour le foisonnement des aventures, les effets de parallélisme et de symétrie, l’évocation de cortèges magnifiquement ordonnés et de tournois animés et brillants.
Après la publication des quatrième, troisième et deuxième parties, Gilles Roussineau poursuit l’édition du roman. Le texte est assorti d’une introduction littéraire et linguistique, d’un important choix de variantes, de nombreuses notes et d’un glossaire développé.
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Sommaire: I. Articles: P. SMIRAGLIA, I. POLARA, A. DE PRISCO, M. DI MARCO, «Latinitatis italicae medii aevi lexicon. Addenda-Series altera. Fasc. 4: epolonus-fyrma»; J. SCHNEIDER (†), T. ERB, «Bannus. Zur Geschichte einer mittellateinischen Wortgruppe im europäischen Bezug»; P. GATTI, «Nomi di pesci negli Hermeneumata Celtis»; D. HOWLETT, «Fredegisus, De substantia nihili et tenebrarum», C. GIRAUD, C.J. MEWS, «Le Liber pancrisis, un florilège des Pères et des maîtres modernes du XIIe siècle»; A.-M. TURCAN-VERKERK, «Répertoire chronologique des théories de l’art d’écrire en prose (milieu du XIe s. - années 1230)»; M. LOPORCARO, P. STOTZ (dir.)., «Le ‘Derivazioni’ di Uguccione da Pisa. Atti dell’incontro di studi all’Università di Zurigo, 10 febbraio 2006»; C. LEONARDI, «L’edizione di Uguccione»; D. SENEKOVIC, «Ugutios ‘Magnae derivationes’ – über den Erfolg enier lexikographischen Sprachphilosophie»; M. LOPORCARO, «Il dizionario latino di Dante e la storia della lingua italiana»; P. STOTZ, «Hic Hugucio, quantumcumque bonus, videtur aliquantulum dormitasse – der Meister im Urteil von Kollegen»; M. PICONE, «Dante e Uguccione»; II. Notes: J.-Y. GUILLAUMIN, «Les six "ordres" de la démonstration géométrique dans le paragraphe final de la Demonstratio artis geometricae (IXe)»; J. CONSIDINE, «A note on lapis philosophicus, lapis philosophorum, and some other medieval names of the philosophers’ stone»; III. Chroniques et comptes rendus: P. STOTZ, «Pays de langue allemande»; A. BARTOLA, «Cronaca degli avvenimenti italiani: 2006»; M.A. ANDRÉS SANZ, S. IRANZO ABELLÁN, J.C. MARTÍN, E. OTERO PEREIRA, «IV Congresso Internacional de Latim, Medieval Hispânico (Lisboa, 12-15 de Outubro de 2005). Actas»; B. BON, «P. Gatti (ed.), Un glossario bernense»; F. DOLBEAU, «N.K. Larsen (ed.), Hildeberti Cenomanensis ep. Vita beate Marie Egiptiace»; J. ELFASSI, «M.A. Andrés Sanz (ed.), Scripta de uita Isidori Hispalensis ep»; M. GOULLET, «P. Bourgain - M.-C. Hubert, Le latin médiéval»; «W. Edwards - B. Merrilees (edd.), Dictionarius familiaris et compendiosus»; C. MAÎTRE, «M. Bernhard (ed.), Lexicon musicum Latinum medii Aevi.»
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Les multiples expéditions allemandes, britanniques, françaises, japonaises et russes qui eurent lieu à l’extrême fin du xixe et au début du xxe siècle dans ce que l’on appelait alors le Turkestan chinois mirent au jour une grande quantité de manuscrits du ier au xe siècle de notre ère en langues diverses, chinois surtout, mais également tibétain, sanskrit, turc ou sogdien, notamment dans les fameuses oasis de Dunhuang et Turfan. Depuis, ces dizaines de milliers de documents ont été exploités par les chercheurs de nombreux pays, donnant lieu à plusieurs milliers d’ouvrages et des dizaines de milliers d’articles, pour la très grande majorité en chinois, qui ont renouvelé complètement non seulement l’histoire locale, mais encore celle de la Chine et d’une partie de l’Asie centrale. Ces manuscrits n’ont pourtant pas livré tous leurs secrets. Même si la chasse aux trésors, inédits, curiosités et textes disparus, se clôt peu à peu, le croisement des documents, leur étude en série permettent d’éclairer de vastes pans de l’histoire économique, sociale, religieuse ou artistique d’une région chinoise qui fut un carrefour de civilisations pendant des siècles.